
Pourquoi j’ai mis en ligne gratuitement une formation destinée aux professionnels de la protection de l’enfance
Depuis quatre ans, j’observe, j’écoute, j’accompagne. Et surtout, je constate.
Je constate des mécanismes institutionnels opaques, des pratiques parfois violentes, souvent mal comprises, et trop souvent mal vécues par les familles.
Je constate aussi une profonde souffrance parentale, un sentiment d’injustice, d’isolement, et de peur.
C’est ce constat, nourri d’expérience et de témoignages, qui m’a poussée à créer une formation de 170 pages à l’origine destinée aux professionnels de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).
Mais comment ne pas la rendre accessible aussi aux parents, ces premiers concernés par les décisions, ces premiers exclus des explications ?
Une mise à disposition libre, par devoir de transparence
J’ai donc pris la décision de mettre cette formation en ligne gratuitement, à destination des parents, des familles, de toutes les personnes concernées ou impactées.
Elle est disponible sur ce site, relayée dans plusieurs groupes privés, et elle continuera à vivre à travers des articles de blog réguliers.
C’est un choix éthique, un choix de terrain.
Parce que l’information ne devrait pas être réservée aux seuls professionnels.
Parce que les parents ont besoin d’outils, de repères juridiques, de clés pour comprendre comment fonctionnent les services sociaux, comment leur parler, comment se défendre avec justesse.
Un contenu dense et engagé
Cette formation aborde :
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Les fonctions parentales et les représentations de la famille
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Le cadre et les limites des mesures de protection (AEMO, placement…)
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Les biais d’observation et les erreurs d’interprétation
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La communication dans l’accompagnement éducatif
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Les signaux de danger réels chez l’enfant (et ceux qui ne le sont pas)
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La psychotraumatologie institutionnelle
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L’ignorance des réalités symboliques et professionnelles des parents
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Les moyens de contester une mesure injuste
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L’usage de l’intelligence artificielle pour objectiver les situations
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Et plus de vingt témoignages de parents, tous profondément critiques envers le fonctionnement actuel de l’ASE.
Un constat partagé… mais jamais assumé
Ce qui est encore plus frappant, c’est que même des éducateurs confient leur impuissance.
Certains se disent « en proie à leur direction », incapables d’agir librement. D’autres parlent de pressions internes, de manque d’humanité, voire de flux financiers douteux.
Et pourtant, lorsque ces constats remontent aux supérieurs hiérarchiques, la réaction est souvent… violente.
Je pense notamment à cette éducatrice de l’AGEP Bordeaux, qui, face à mes remarques, s’est mise à me crier :
« Vous ne pensez pas qu’on est déjà au courant de tout ça ?! »
Cette colère dit quelque chose. Elle confirme que la tension est là, qu’elle est connue. Mais au lieu de l’assumer, on la retourne contre ceux qui osent parler.
Pendant ce temps, des parents se voient souffler au nez, raccrocher au nez, menacer de placement ou de changement de garde, non sur la base de faits cliniques, mais simplement parce qu’ils osent questionner, alerter, ou refuser de céder.
Et maintenant ?
Un imaginaire qui croyait en leur utilité, en leur neutralité, en leur vocation protectrice.
Mais aujourd’hui, je vois un système qui confond organisation familiale et danger, qui oublie d’écouter l’enfant dans ce qu’il vit vraiment.
Un système qui punit parfois les mères parce qu’elles parlent trop, parce qu’elles résistent trop bien, parce qu’elles savent trop.
Cette formation existe. Elle est là.
Et si j’ai pu écrire 170 pages, c’est parce qu’il y avait matière à écrire.
Désormais, ce blog prendra le relais, pour continuer à dire, à témoigner, à éclairer.
Parce qu’un système ne change pas dans le silence.
Et parce qu’informer, c’est déjà agir.